Une affaire de famille
L’atelier Déméterre, c’est d’abord la volonté de Manon de partager sa passion pour la céramique. Couronnée très jeune reine de la patouille, Manon a passé une bonne partie de son enfance les mains dans la boue et la tête dans les nuages. En grandissant, c’est à Adravasti qu’elle songe. Ce tout petit village à l’est de la Crète est le lieu de villégiature familial. On s’y nourrit de choses simples : de la feta toute fraîche, des figues juste cueillies sur l’arbre et de l’huile d’olive, beaucoup. Tout le monde vit plus ou moins des oliviers et certains y mettent beaucoup de cœur, sans forcément gagner leur vie. Alors Manon décide de s’engager à leurs côtés et elle créé le projet « Adravasti, adopte un olivier » pour valoriser une agriculture qui respecte les hommes et la nature. Manon prouve donc qu’il est possible de rêver tout en étant au four et au moulin…
À l’inverse, son aînée, les pieds sur terre, ne sait pas faire grand-chose de ses mains. Léa préfère utiliser son nez et son palais pour (d’)écrire le vin. Éditrice de la collection de livres olfactifs Le Nez du Vin, elle met également sa plume et ses connaissances techniques au service d’autres acteurs du mondo vino avec Sarments, une agence de communication éditoriale. Formatrice à la dégustation, elle anime des ateliers sensoriels avec une approche originale.
Aujourd’hui réunies à Marseille, les deux sœurs ont ouvert un lieu pour créer des liens. Et, vous l’aurez compris, ce ne sont pas les liens du sang mais ceux du sol qui président ici.
Modeler la terre, déguster ses fruits
Dans la mythologie grecque, Déméter est la déesse de l’agriculture et des moissons. Elle représente la terre cultivée et féconde. L’atelier Déméterre célèbre la terre matière mais aussi matrice, une terre mère qui donne naissance à des formes et à des fruits.
Grès, olives, raisins, il faut du savoir-faire pour les transformer en objets du quotidien, en huile ou en vin, en œuvres d’exception ou en savons. L’histoire de ces techniques ancestrales raconte celle de l’humanité. L’Homme préhistorique façonnait la terre humide et la laissait sécher à l’air, au soleil et plus tard dans le feu pour représenter son monde, honorer ses divinités et cuire ses aliments. L’utilisation domestique se développe avec l’invention de l’agriculture, dont la vitiviniculture et l’oléiculture, et la sédentarisation des êtres humains. D’ailleurs, les plus anciennes traces de jus de raisins fermenté découvertes à ce jour ont été trouvées en Géorgie dans huit grandes jarres en … céramique. Et depuis des milliers d’années, en Méditerranée, oliviers et vignes se partagent les sols mais aussi le temps des Hommes : aux vendanges des raisins succède la récolte des olives.
Le sens du partage
L’atelier Déméterre est ouvert à toutes et tous, néophytes, amateurs du dimanche, pratiquants fervents, petits et grands. Atelier mis en commun, stages de céramique ou cours de dégustation de vin, l’apprentissage passe ici par le partage, la création par l’émulation. À chacun son rythme et un maître-mot : le plaisir.
Les mains dans la terre ou le nez dans le verre (et pourquoi pas les deux à la fois !), c’est nos sens qui sont stimulés. Exercer son corps, pour apprendre ou perfectionner un geste, pour identifier un arôme ou caractériser le toucher de bouche d’un vin demande une forme de concentration propice à la méditation.